Pourquoi
? Comment ces BOUCHARD se sont-ils trouvés fin XVI° et début
XVII°
siècle dans les Hautes-Alpes, dans ces villages et hameaux du Lauzet,
près de Monêtier-les-Bains et de Briançon ?
Plus particulièrement dans
le village des Guibertes et de celui du Freyssinet très exactement situé sur une ancienne voie romaine.
Cette branche serait-elle là depuis fort longtemps comme le
laisse supposer,
« ce cousin des Alpes »,
dans l'étude de J.DEPOIN en 1908, sur « la légende des premiers BOUCHARD de Montmorency
au X° & XI° siècle » ?
Y ont-ils migré pour des raisons économiques, politiques,
religieuses ?
Pourquoi existe-t-il juste en face du hameau du Freyssinet et de sa petite vallée de la Guisane, un
toponyme très ancien, « Le rocher BOUCHARD », qui culmine à 2900m dans la réserve
naturelle des Partias Condamine près du sommet de l'Eychauda ?
Nos recherches nous le dévoilent jour après jour...
De cette formidable épopée de migrants du Dauphiné vers la Bourgogne une analyse détaillée est présentée dans le chapitre «L'épopée de Michel», mais dès à présent, on peut en tirer quelques extraits.
Cette région de l'Oisans était prédestinée aux échanges
avec nos voisins transalpins depuis l'antiquité, et nombre de
ses habitants
se destinaient au commerce ambulant appelé de nos jours "forain" mais joliment en ces temps, «art de marchandize», comme nous l'apprend cet extraordinaire contrat d'apprentissage de 1688 d'un jeune cousin de Michel, que sa mère, veuve, comme la coutume du pays l'obligeait avait pris la décision de palier à la formation de son fils en l'absence de son père en le mettant en apprentissage et en le confiant à des colporteurs dans le pays d'Auvergne, et tout cela devant notaire royale au fin d'enregistrement et de validation pour tout le Royaume, les habitants du Dauphiné étant libres et franc-bourgeois depuis 1343 sous Humbert III avec le rachat des droits seigneuriaux !
Ainsi les BOUCHARD, comme d'autres familles prospères de ce lieu dès le XVII° siècle, faisaient partie de cette
communauté de commerçants et colporteurs libraires, drapiers et autres
articles non périssables et facilement échangeables entre les
différentes régions frontalières françaises et italiennes.
Il était de tradition de donner l'instruction aux enfants dans ces vallées alpines, le latin et le français étaient de rigueur, ne savoir ni lire ni écrire était une honte et précisé dans les actes notariés. L'apprentissage très formalisé était donné
par le père
à son fils aîné dès l'adolescence.
Une école
à Villeneuve-la-salle près du « Monestier de Briançon » enseignait même la conversion des monnaies aux jeunes enfants.
Michel agissa de la sorte avec son fils Joseph qu'il éduqua dès son plus jeune âge, à quatorze ans il commerçait déjà avec son père
sur les marchés et foires en voyageant avec lui jusque dans les
provinces de Normandie, Picardie, Champagne et de Flandres pour
s'y approvisionner dans chaque manufacture, foire et marché.
Mais des évènements économiques et familiaux
dramatiques conduisirent Michel à
migrer définitivement vers la Bourgogne avec toute sa famille pour étendre son
commerce et ouvrir une échoppe et deux dépôts en gros, de draps, d'étoffes
de soie, de laine, toile de coton et différentes merceries, à Beaune et à Dijon.
Son commerce était si florissant et sa fortune déjà faite en un peu moins d'un quart de siècle, ses capacités commerciales que certains jugaient agressives, suscitèrent nombre de
jalousies, ainsi six ans après son décès, son fils Joseph,
après avoir fait ses emplettes dans le Nord et l'Est du Royaume, dut faire
face à la communauté très puissante des Marchands Drapiers
& Merciers de la ville de Dijon dans un grand procès daté du 18 Mai 1761.
Le commerce de la toile étant en déclin dans la région et supplanté de plus en plus par celui du vin qui prit un essor considérable fin XVIII° et début XIX° siècle, toutes les conditions étaient réunies pour que Joseph
décida après ce procès d'en faire son activité principale avec son fils unique, Antoine-Philibert-Joseph, qui avait très exactement trente ans au moment de la Révolution française de 1789, et qui en utilisa toutes les opportunités en tant que bourgeois fortuné pour accroître le patrimoine familial, donnant ainsi naissance aux célèbres maisons de vins de Bourgogne, BOUCHARD PÈRE & FILS et BOUCHARD AÎNÉ & FILS.
Antoine-Philibert-Joseph connut la fin de la monarchie, la Révolution de 1789 avec la 1ère République, l'Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, et la 2ème République avec le début du Second Empire quand il mourut en 1760 à l'âge de 100 ans 9 mois et 24 jours.
Il fut dès lors appelé dans la famille BOUCHARD,
« le Centenaire » .
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Le COLPORTEUR ou "PORTE-BALLE" du DAUPHINÉ
Les Guibertes, le Freyssinet, villages des BOUCHARD.
(Cliquez sur les images pour vous imprégner de
ce si beau pays de montagne)
" Livre de commande avec échantillons de tissus"
de Michel & Joseph BOUCHARD
- Drapier marchand -
Contrat de Pierre BOUCHARD en 1698, Apprenti marchand.
(Cliquez sur l'image du manuscrit pour l'agrandir et voir le début de sa transcription)
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